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Photo du rédacteurVitia Koutia

"JE VIS COMME TOUT LE MONDE, JE SUIS HABITUEE".

Dernière mise à jour : 26 nov.



" Je vis comme tout le monde, je suis habituée", c'est en ces mots que s'est exprimée Lydie lors de notre entretien le 10 septembre 2022 suite au séminaire organisé par le collectif des associations citoyennes "Lobiko" avec les femmes atteintes du cancer tenu du 22 au 27 août  2022 à Brazzaville. Au cours de notre entretien, nous avons parlé de deux volets : du déroulement du séminaire et de son expérience en tant que personne atteinte du cancer. 

 

Lydie est une quinquagénaire, divorcée, mère de quatre (04) enfants est atteinte du cancer du sein depuis octobre 2020. Elle a participé à tous les ateliers du séminaire sur l'éducation nutritionnelle organisé par ''Lobiko'', du premier au dernier jour.


Lydie a eu vent de cette formation à travers une ancienne malade suivie par le professeur N’Sondé, " Le professeur N'Sondé a une association des anciens et nouveaux malades. Lorsqu'une nouvelle patiente en devient membre, elle la confie à une ancienne pour la soutenir et l'encourager. Quand j'ai commencé avec mes chimiothérapies, elle m'avait confié à une dame qui est guérie depuis 2007 et m'a d'ailleurs beaucoup aidé. Aussi, chaque fois qu'on organise des activités pour les personnes atteintes du cancer, cette dernière m'en informe. C'est ce qu'elle a fait pour l'activité de Lobiko".

 

Ce séminaire lui a permis d'être plus positive, " Le séminaire était intéressant parce que les partages d'expérience, à travers des groupes de parole, m'ont permis de garder la foi et d'espérer en la guérison. En plus, le témoignage de madame Basilia m'a beaucoup marquée et m'a donné plus de force de croire en Dieu."


Lydie continue: " je suis sortie de là plus positive qu'avant et avec plus d'assurance parce que j'ai reçu plein de conseils surtout sur la façon de prendre soin de soi, c'est vrai que je suis malade, mais je ne dois pas me négliger physiquement. "

 

Lydie souhaite que d'autres ateliers d’information et de soutien soient organisés, "Vraiment ! Je souhaite que cela soit organisé plus souvent, parce que du jour au lendemain, il y a des nouvelles malades qui arrivent et elles bénéficieraient beaucoup à écouter ces témoignages. Car il est souvent difficile d'accepter cette maladie et d'aller de l'avant."

 

Hormis le fait de participer à la formation, Lydie m'a parlé de son expérience. En effet, son cancer a été diagnostiqué depuis deux ans. " On a décelé la maladie en 2020 lors de la campagne de sensibilisation "Octobre rose", mais j'avais une boule au sein depuis longtemps, une boule que je négligeais. Depuis au moins 2018, je sentais la boule dans mon sein, mais je banalisais parce que je ne ressentais aucune douleur. C'est en décelant ladite maladie que j'ai su que j'en souffrais deux à trois ans plus tôt. C'est une tumeur maligne. La douleur a commencé à apparaitre pendant les chimiothérapies, j'en ai fait 7 avant l'opération. "

 

Étant donné que le cancer est une maladie évoluant à bas bruit, fréquemment douloureuse et mortelle, les médecins se doivent d’être proches des patients pour les rassurer. Lydie est satisfaite de sa prise en charge, "mon médecin est gentil, il fait attention aux malades et est très disponible, au point de répondre aux appels même aux heures tardives. Pour la petite histoire, lorsque j'avais commencé avec la chimio, j'avais de fortes douleurs, il m'est arrivé de le déranger plusieurs fois au téléphone. Il ne s'est jamais fâché, m'a plutôt orienté."


Certes, Lydie s'en remet du jour au lendemain, mais il était très difficile pour elle d'accepter cette maladie après le diagnostic, " Je me suis dit que j'allais mourir, surtout le fait de savoir que cette maladie a un traitement coûteux. Puisque je ne travaillais pas complètement, je suis l'aînée, je ne voyais personne à qui demander de l'aide. J'en voulais vraiment à Dieu ".

 

Du fait de la gravité de la maladie, la sorcellerie est souvent évoquée comme cause de tous ces tourments et cela mène à la division des familles. Dans le cas de Lydie, un petit nombre de personnes seraient au courant de son état de santé: " Seulement quelques membres de ma famille maternelle sont au courant,  mais ça va. Au début, ils se sont vraiment battus, puis on fait des cotisations qui m'ont permis de faire mes premières chimiothérapies jusqu'à l'opération. Les quelques personnes qui sont au courant de la situation me réconfortent beaucoup."

 

Aujourd'hui, elle est plus sereine et vit normalement avec la maladie. "je vis comme tout le monde, je suis habituée.  Je sais que Dieu est là, il va le faire. J’ai vu beaucoup de gens témoigner d'avoir été guéri de cette maladie donc j’ai l’espoir."

 

Le cancer est une maladie qui demande une bonne santé nutritionnelle. À la question de savoir si c'est facile pour elle de respecter une bon équilibre alimentaire, Lydie répond positivement: "Je m'efforce… Je suis obligée, parce qu'on nous explique que manger est plus que le médicament. Donc, si je ne mange pas bien, le médecin ne pourra pas atteindre son but. En plus, le fait de respecter les interdits m'aide beaucoup. Par exemple, quand je fais 2 ou 3 jours sans manger de crudités, je me sens fatiguée et déséquilibrée. On nous conseille de manger 5 légumes pour chaque repas, crus et cuits. Parmi ces légumes, nous avons la laitue, le concombre, la carotte, le haricot vert, ce d'autant plus que l'on ne prend ni lait, ni pain, produits qui sont déconseillés. Donc, il est préférable de manger une salade le matin, avec du vinaigre spécifique fait à base de raisin ou de pomme et de l'huile de tournesol ou Lesieur. Nos compléments : igname, banane, pomme de terre, éviter le foufou et le manioc."

 

Lydie souhaite que l'Etat congolais prenne en charge les malades, " Il serait mieux que l'état prenne en charge les patients cancéreux comme ceux du sida, de la drépanocytose et de la tuberculose. Vous savez, le cancer de sein et du col de l’utérus tuent beaucoup et nombreuses sont les femmes qui en meurent et laissent des enfants qui deviennent   orphelins et finissent parfois "enfants de la rue."


En dépit de la maladie, Lydie ne se laisse pas découragée, elle ne compte pas toujours sur sa famille pour ces chimiothérapies et même pour la radiothérapie. Elle se bat à trouver au moins la moitié de la somme demandée pour son traitement. Pour se faire, elle travaille en tant que ménagère dans une société de la place deux heures par jour et vend des fournitures scolaires au marché total. 


Lydie est un modèle inspirant pour les femmes touchées par le cancer. Elle incarne courage et résilience, montrant qu’il est possible de surmonter les épreuves les plus difficiles. Nous espérons que son appel à l’État congolais pour aider à la prise encharge des patients atteints de cancer sera entendu.

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