LA PERCEPTION DE LA MALADIE HÉMORROÏDAIRE DANS LA SOCIÉTE CONGOLAISE
- Vitia Koutia
- 22 mars 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 nov. 2024

L’équipe de Elikia magazine a rencontré monsieur Richard Macaire Lengo, docteur en sociologie à l’Université Marien Ngouabi, le 21 mars 2024 à Brazzaville. Avec lui, nous avons parlé de la perception de la maladie hémorroïdaire en République du Congo. Nous lui avons posé quelques questions que vous allez découvrir.
Q1- Comment est perçue la maladie hémorroïdaire dans la société congolaise ?
M. Richard : Ça dépend des individus, des acteurs sociaux et même peut-être parfois du sexe. Ça peut, dans une certaine mesure, gêner, chez les hommes particulièrement.
Q2- Est-ce que les gens en parlent librement ou est-ce un sujet tabou ?
Je sens que les gens ont de moins en moins de gêne à en parler, parce qu’ils veulent trouver la solution à leur maladie.
Q3. Quels sont les impacts de cette maladie sur la vie personnelle ? Et sur la vie sociale ?
Vie personnelle : dans le cas des hommes, si on s’en tient à l'hypothèse selon laquelle les maladies Hémorroïdaires ont une incidence sur la virilité masculine, naturellement, vous allez vous rendre compte que la victime peut se retrouver dans une situation d’inconfort parce que sa masculinité, son autorité masculine est remise en question. Je ne dis pas que tous ceux qui en souffrent ont une faiblesse sexuelle, mais ça part de cette idée-là.
Niveau social : ça dépend des gens. Il y a ceux qui sont renfermés sur eux ( Ils n’exposent pas la maladie). S’ils ne disent pas, vous ne le saurez pas. Cependant, lorsque c’est visible, la personne peut entretenir un complexe d’infériorité.
Q4 - Est-ce que cette différence de perception de la maladie a un impact sur le fait de consulter plus ou moins tôt un médecin ?
Naturellement, le premier réflexe qu’on devrait avoir serait de consulter un médecin. Mais, cela dépend des différentes couches sociales, c’est aussi lié au niveau d’instruction.
C’est très fondamental, le premier réflexe qu’on devrait avoir dès qu’on souffre, quand on a une pathologie inhabituelle, c’est de chercher à consulter le médecin. Cependant, dans la société congolaise, cela dépend du niveau d’instruction, (intellectuel). Mais, aussi du pouvoir d’achat. En effet, il y a ceux qui ont la possibilité de consulter un médecin, mais qui sont limités par le pouvoir d’achat, et ceux également qui peuvent avoir des possibilités financières, mais ont une certaine négligence.
Q5- Avez-vous une idée des critères influençant le choix entre un traitement traditionnel et un traitement « plus moderne » au Congo ?
L’acteur social qui a un niveau d’instruction élevé, même s’il a peu de possibilités, va préférer aller consulter un médecin, parce qu’il sait que le médecin a étudié. Il aura une certaine assurance de pouvoir trouver la solution. Ce n’est que dans l’hypothèse où il n’a pas trouvé de solution ou obtenu la guérison chez le médecin qu’il fait recours au tradi- thérapeute.
À contrario, ceux qui ont un niveau d’instruction moins élevé, amplifié par la précarité des conditions de vie, auront tendance à aller directement voir le tradi- thérapeute. Dans l’imaginaire collectif chez nous, les gens ont tendance à dire que les maladies hémorroïdaires sont mieux traitées par les tradithérapeutes.
Q6- En tant que sociologue, comment pensez-vous que l’on pourrait aider à lever les tabous liés à cette maladie afin que les gens se fassent traiter dès que possible ?
Il faut simplement procéder à la sensibilisation, les informer en leur disant que ça ne fait pas l’objet d’une honte, car c’est une maladie comme toute autre. Je ne suis pas sûre que ça fasse systématiquement l’objet d’une honte, parce que certaines personnes en parlent particulièrement, les hommes. Aussi, il faut montrer l'intérêt, le bénéfice de consulter un médecin plus tôt, de peur que la situation ne se complique davantage.
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